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NÉMÉENNES.




DES JEUX NÉMÉENS.

Les jeux néméens, ainsi nommés de la forêt de Némée, dans l’Élide, se célébraient tous les trois ans, le 12 du mois boëdeomion dans une plaine voisine de cette forêt. On fait remonter leur origine à la guerre des sept chefs, sous la conduite de Polynice contre Étéocle, c’est-à-dire au premier siège de Thèbes.

Les sept chefs, passant dans la forêt de Némée et étant pressés de la soif, s’adressèrent à Hypsipyle de Lemnos, qu’ils rencontrèrent portant un enfant dans ses bras, et la prièrent de leur indiquer une source où ils pussent se désaltérer. Hypsipyle posa l’enfant sur l’herbe et les conduisit à une fontaine qui coulait à quelque distance. Pendant ce temps, un serpent tua l’enfant, ce qui réduisit Hypsipyle au désespoir.

Pour la consoler, les sept chefs, ayant rendu les devoirs funèbres à l’enfant, instituèrent des jeux en son honneur.

Cet enfant était fils de Lycurgue, roi du pays et prêtre de Jupiter ; il s’appelait Opheltès ou Achémore.

Hercule, après sa victoire sur le lion de Némée, rétablit les jeux néméens qui avaient été interrompus et les consacra à Jupiter.

Les Argiens étaient les juges des combats. Ils nommaient à cet effet un ministre des autels, qui y assistait en leur nom, en habits de deuil, pour rappeler leur origine. Le vainqueur recevait une couronne, qui d’abord était d’olivier ; mais les Argiens, ayant été battus dans la guerre contre les Mèdes, changèrent l’olivier en une herbe funèbre nommée ache. Selon d’autres, elle fut d’ache dès le principe en mémoire de la mort d’Achémore. Les jeux néméens formaient une ère pour les Argiens et les peuples du voisinage.

I.

A CHROMIUS, ETNÉEN,

Vainqueur à la course des chars.

Séjour sacré où l’Alphée respire enfin après sa course, Ortygie, noble rejeton de Syracuse, berceau de Diane et sœur de Délos, c’est par toi que je dois préluder à cet hymne harmonieux, qu’en l’honneur de Chromius je consacre à Jupiter Etnéen.

Aussi rapides que la tempête, les coursiers de Chromius ont franchi la carrière de Némée et attendent maintenant le tribut de louanges que j’ai promis à leur victoire. Brillant début, fondement de la félicité et de la gloire qu’avec l’aide des dieux obtient un héros orné déjà de toutes les vertus ! Les filles de Mémoire aiment à perpétuer dans leurs chants le souvenir des plus illustres combats. Célèbre donc, ô ma Muse ! célèbre au nom de Chromius cette île que le puissant maître de l’Olympe donna jadis à Proserpine lorsque, par un signe de sa tête immortelle, il lui en assura l’empire et lui promit que d’opulentes cités s’élèveraient dans ses campagnes fécondes. Fidèle à son serment, le fils de Saturne a peuplé la Sicile de citoyens amis de Bellone aux armes d’airain, non moins habiles à manier la lance qu’à former de légers coursiers, et souvent couronnés du feuillage d’or de l’olivier d’Olympie. Combien d’entre eux n’ai-je pas déjà célébrés par des chants que n’embellissent jamais d’ingénieux mensonges !

Aujourd’hui je m’arrête dans le palais d’un vainqueur généreux ; j’y viens célébrer son triomphe au milieu de la joie des festins et assis à la table où son hospitalité se plaît à recevoir une foule d’étrangers. En vain la calomnie voudrait-elle abreuver ses vertus ; les gens de bien la réduisent au silence : ainsi la fumée disparaît sous une ondée bienfaisante.