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Cependant le fils de Jupiter brûlait de se transporter en Istrie, où jadis la belliqueuse fille de Latone le reçut lorsqu’il descendait des coteaux et des vallons sinueux de l’Arcadie, et que, pour obéir à l’oracle de son père et accomplir les ordres (8) d’Eurysthée, il poursuivait cette biche aux cornes d’or que (9) Taygète avait jadis consacrée à Diane (10) l’Orthosienne.

En s’attachant à ses traces, il arriva dans ces régions que Borée ne tourmenta jamais (11) de son souffle glacial. Frappé de la beauté des arbres qu’elles produisent, il forme aussitôt le projet d’en orner la carrière où (12) douze contours égaux mesurent le terme de la course. Et aujourd’hui il honore de sa présence la pompe de cette fête (13) avec les jumeaux de la belle Léda ; car lorsque le héros fut monté dans l’Olympe, il les chargea de présider à ces nobles combats, et de juger de la force des athlètes et de l’adresse des écuyers à faire voler un char dans l’arène…

Mais, ô ma Muse ! hâte-toi de célébrer la gloire immortelle que Théron et les (14) Emménides viennent d’acquérir par la protection des illustres fils de Tyndare. Quels mortels sont plus dignes d’être chantés ? Nul n’ouvre comme eux sa table généreuse à l’hospitalité ; nul ne remplit avec plus de religion les devoirs sacrés que les dieux nous imposent. Oui, si l’eau règne sur les élémens, si l’or est le plus précieux des biens que l’on puisse posséder, ah ! les vertus de Théron sont encore mille fois préférables ! Elles l’ont conduit jusqu’aux colonnes (15) d’Hercule, au delà desquelles aucun mortel, le sage même, ne se flattera jamais d’atteindre… Cessons nos chants : tout autre éloge serait téméraire.

IV.

À PSAUMIS DE CAMARINA (1),

Vainqueur à la course aux chevaux(2).

Toi dont la main puissante lance au loin la foudre au vol impétueux, grand Jupiter, les (3) Heures tes filles me rappellent à Olympie pour être témoin de ses illustres combats, et chanter les vainqueurs aux sublimes accords de ma lyre !

Qu’elle est grande la joie de l’homme vertueux à la nouvelle du triomphe d’un hôte qui lui est cher ! Reçois, fils de Saturne, maître souverain de l’Etna mugissante, dont le poids écrase le furieux (4) Tiphon aux cent têtes, reçois ce témoignage de ma reconnaissance, cet hymne consacré au vainqueur d’Olympie et qui doit immortaliser les plus héroïques vertus.

Voici (5) venir Psaumis sur son char de triomphe : le front ceint de l’olivier de Pise, il se hâte de retourner à Camarina sa patrie, pour y recueillir une gloire éternelle. Puissent les dieux exaucer tous les vœux de ce héros dont je célèbre les louanges !

S’il fut habile à dresser les coursiers, il fut encore plus ami des vertus hospitalières et de la paix si favorable au bonheur des cités. Je n’embellirai point mes éloges des couleurs du mensonge : de tout temps l’expérience apprit à juger les hommes.

C’est elle qui jadis vengea le fils de (6) Clymène de l’affront des femmes de Lemnos, lorsque vainqueur à la course, malgré le poids d’une armure d’airain, il s’avança vers Hypsipye pour recevoir de ses mains la couronne triomphale : « Reconnaissez en moi, lui dit-il, ce guerrier aussi brave dans les combats que souple et agile à la course. » Souvent la (7) jeunesse voit blanchir ses cheveux avant les jours fixés par la nature.

V.

AU MÊME PSAUMIS (1),

Vainqueur à la course des chars (2).

Fille (3) de l’Océan, recevez avec joie cette palme dont Olympie vient de couronner le plus glorieux des triomphes et de sublimes vertus. Psaumis la dépose à vos pieds ; elle est la récompense des infatigables coursiers de son char.

C’est à ce mortel généreux que Camarina doit son agrandissement et son lustre (4), et ces douze autels que sa religion a consacrés aux grands dieux de l’Olympe et sur lesquels le sang des taureaux a coulé pendant les cinq jours solennels où Pise le vit se distinguer par son adresse à diriger un char, à faire voler ses