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les alarmes et associé aux (14) trois grands criminels du Tartare.

Un quatrième supplice est encore réservé à son audace. Il osa dérober aux immortels et prodiguer à ses compagnons le nectar et l’ambroisie qui l’avaient préservé de la mort. Insensé ! pouvait-il espérer de cacher son larcin à la divinité. Pour le punir de sa témérité sacrilège, les dieux firent aussitôt rentrer son fils dans la courte et pénible carrière de la vie.

Ce fils était à la fleur de l’âge, à peine un tendre duvet commençait à couvrir ses joues, qu’il espéra allumer le flambeau d’un hymen digne de lui, et obtenir du roi de Pise, sa fille la belle Hippodamie.

Seul, pendant une nuit obscure, il se rend sur les bords de la mer écumeuse ; et là, au milieu du mugissement des flots, il invoque à grands cris celui dont le trident fait retentir au loin les ondes.

Soudain ce dieu apparaît à ses regards : « Neptune, lui dit Pélops, si les aimables dons de Cypris ont pour toi quelque charme, transporte-moi en Élide sur ton char rapide ; détourne de mon sein la lance du perfide Œnomaüs et couronne mes efforts du succès.

Déjà treize prétendans valeureux ont péri sous les coups de ce père barbare, qui diffère ainsi l’hymènée de sa fille. Les âmes timides ne sont point faites pour affronter de grands dangers ; et puisque la mort est inévitable, pourquoi attendre dans un indigne repos une vieillesse honteuse sans avoir rien fait pour la gloire. J’ai résolu de tenter le combat ; c’est à toi, ô Neptune ! de m’accorder la victoire. »

Ainsi parla Pélops, et sa prière fut soudain exaucée. Le dieu voulant honorer son favori, lui donne un char tout resplendissant d’or attelé de coursiers ailés et infatigables. Il triomphe d’Œnomaüs, s’unit à la jeune Hippodamie et devient bientôt le père de six princes dignes imitateurs de ses vertus.

Maintenant c’est là que sa cendre repose en paix, non loin des rives de l’Alphée ; et sur l’autel qui orne son tombeau, on offre chaque année de sanglans sacrifices, au milieu de l’affluence de toutes les nations.

Ainsi s’étendit la gloire de Pélops ; ainsi s’est immortalisé son nom dans ces jeux où Olympie appelle les combattans à disputer le prix de la vitesse à la course, et celui de la force et du courage à affronter hardiment les dangers.

Qu’heureux est le mortel à qui la victoire a souri ! Il coule le reste de ses jours au sein de la plus délicieuse tranquillité : le souvenir de ses combats est pour lui le souverain bien ; il en jouit sans crainte de le perdre jamais.

Ô ma Muse ! couronnons le front d’Hiéron, aux accens de la lyre éolienne ; et faisons entendre des chants dignes de la victoire qu’il vient de remporter à la course.

Quel autre, de ceux qu’une généreuse hospitalité me rend chers, mérite mieux l’éloge de mes hymnes ? Quel autre possède à un plus haut degré ces deux précieux avantages : l’amour des choses honnêtes et l’éclat de la puissance ?

Un dieu protecteur, ô Hiéron, veille à l’accomplissement de tes vœux et à ta postérité. Bientôt, s’il ne retire son bras puissant, j’ai le doux espoir de célébrer ton char glorieux ; et, à la vue de la colline de Saturne, quel enthousiasme nouveau fécondera mon génie et animera mes accens ! Déjà ma Muse prépare pour ce beau jour le plus fort, le plus victorieux de ses traits.

La grandeur a différens degrés où sont placés les mortels : le plus élevé est celui qu’occupent les rois ; ne porte pas tes regards au-delà.

Ah ! puisses-tu couler tes jours dans l’éclat de ce rang sublime ! Puissé-je moi-même passer les miens au milieu de tels vainqueurs ; et, par ma sagesse, me recommander à l’estime de la Grèce entière !


II (1).

À THÉRON (2) D’AGRIGENTE,

Vainqueur à la course des chars (3).

Hymnes qui régnez sur ma lyre, quel dieu (4), quel héros, quel mortel vont célébrer nos accens ? Jupiter est le protecteur tout-puissant de Pise ; Hercule, des prémices de ses glorieux travaux (5), institua les solennités olympiques ; Théron vient de remporter à la course des chars