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avoir tiré au sort la place qu’ils y devaient occuper. En attendant le signal, ils réveillaient leur souplesse et leur légèreté par divers mouvemens qui les tenaient en haleine, et étaient comme autant d’essais de l’agilité et de la vitesse de leurs jambes. Dès que le signal était donné, on les voyait voler vers le but avec une rapidité que l’œil avait peine à suivre et qui devait seule décider de la victoire ; car, nous l’avons déjà dit, les lois agonistiques leur défendaient sous des peines infamantes de se la procurer par la ruse ou quelque piège tendu à leurs antagonistes.

Les courses à pied étaient de quatre sortes : 1o  stadion, celle où il ne s’agissait que de parcourir une fois la carrière, c’est-à-dire cent vingt pas ; 2o  diaulos, où l’on parcourait deux fois cet espace ; 3o  dolichos, qui était la plus longue de toutes, puisqu’on y parcourait quelquefois vingt-quatre stades, par diverses allées et venues, en tournant douze fois autour de la borne qui servait de but ; 4o  enfin oplitês, qui était la course exécutée par des hommes complètement armés. De là les noms différens de stadiodromoi, diaulodromoi, dolichodromoi, oplitodromoi donnés aux coureurs, selon les différentes courses auxquelles ils prenaient part. Les antagonistes se nommaient sunagônistai, antipaloi, etc. S’efforcer d’atteindre des rivaux se disait diôkein ; les laisser en arrière katalambanein. Celui qui atteignait le premier le but remportait le prix, athlon ou brabeion, qui consistait dans le principe en une couronne de branche d’olivier. La récompense était la même pour les autres exercices.

Il y eut dans l’antiquité, tant chez les Grecs que chez les Romains, des coureurs qui se sont rendus célèbres par leur vitesse. Pline fait mention de Philippide qui, en deux jours, parcourut les onze cent quarante stades (cinquante-sept lieues) qu’il y a d’Athènes à Lacédémone. <span class="sic2" style="color:#0B610B;" title="Hérodote ayant vécu un siècle avant Alexandre le Grand, M. Perrault-Maynand a probablement inversé ici les noms d’Hérodote et de Pline.">Hérodote rapporte que Philonide, coureur d’Alexandre-le-Grand, fit en un jour douze cents stades (soixante lieues), en allant de Sicyone à Élis. On appelait ces coureurs êmerodromoi.

La course du cheval monté par un cavalier consistait à parcourir l’hippodrome, tourner la borne et revenir à la barrière une ou plusieurs fois. Quoiqu’elle ne fût pas aussi célèbre que celle des chars, cependant les princes et les rois recherchaient avec empressement la gloire d’y remporter le prix. On la nommait ordinairement Kélês (Voy. première Olympique). Les Grecs et les Romains élevaient à grands frais, pour ces sortes de courses, de superbes chevaux et avaient d’habiles écuyers chargés de les dresser. Le vainqueur recevait une couronne et l’on attachait une palme sur la tête du cheval. Quelquefois le cavalier menait par la bride un autre cheval, sur lequel il sautait en courant et changeait ainsi plusieurs fois de monture. Les Latins appelaient ces sortes de cavaliers desultores, et les Grecs anabatai.

La course des chars était le plus renommé de tous les exercices et celui qui faisait le plus d’honneur. Les rois eux-mêmes aspiraient à cette gloire avec beaucoup d’empressement, persuadés que le titre de vainqueur dans ces combats ne le cédait guère à celui de conquérant, et que la palme olympique rehaussait de beaucoup l’éclat du sceptre et du diadème.

Les chars avaient la forme d’une coquille montée sur deux roues, avec un timon fort court auquel on attelait deux, trois ou quatre chevaux de front (bigæ, quadrigæ) ; de là les noms de duômoi, tethrippoi, tetraôroi, etc. Quelquefois on mettait des mules à la place des chevaux, et le char alors s’appelait apênê. Ces chars, à un certain signal, partaient tous ensemble : le sort avait réglé leur place ; ce qui n’était pas indifférent pour la victoire, parce que, devant tourner autour d’une borne, celui qui avait la gauche en était plus près que ceux qui étaient à la droite et qui par conséquent avaient un plus grand cercle à parcourir. On faisait douze fois le tour de l’hippodrome. Celui qui avait le plus tôt achevé le douzième tour était proclamé vainqueur. Le grand art consistait à prendre le point le plus propre pour tourner autour de la borne : car, si le conducteur du char s’en approchait trop, il courait risque de s’y briser ; et s’il s’en éloignait trop aussi, son antagoniste le plus voisin pouvait lui couper le chemin et prendre le devant. Il ne faut pas croire cependant que dans la suite de la course les combattans gardassent toujours le rang dans lequel ils partaient : ce rang changeait souvent plusieurs fois dans un assez court espace de temps, et ces vicissitudes faisaient le plus grand plaisir des spectateurs et redoublaient l’intérêt du combat.

Tous ceux qui aspiraient à la victoire n’étaient point obligés à conduire eux-mêmes leur char ;