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tel. La statue du génie, faite de manière à les effrayer, devenait une nouvelle occasion de danger, et il arrivait souvent que les chevaux épouvantés ne connaissaient plus ni la main ni la voix de celui qui les conduisait et renversaient le char et l’écuyer.

Jusqu’à la cinquantième olympiade, une personne seule fut chargée de la présidence des jeux. À cette époque, un collègue seulement lui fut adjoint.

À la cent troisième, nous en trouvons douze, nombre égal à celui des tribus éléennes, qui avaient le droit d’en nommer chacune un. À l’olympiade suivante, le nombre des tribus étant réduit à huit, celui des présidens se trouve diminué dans la même proportion. À la cent cinquième, il monte à neuf. À la cent sixième enfin, il est porté à dix et se maintient ainsi jusqu’au règne d’Adrien, empereur romain. Les présidens prenaient les noms de ellênodikai, hellanodiques (juges des Grecs), agônothetai, agonothètes (tithêmi agôna, régler le prix), athlothetai, athlothètes (tithêmi athlon, proposer des récompenses). Ils s’assemblaient dans un lieu appelé Ellênodikaion. Ils s’y rendaient dix mois avant l’ouverture des jeux pour y surveiller les exercices préparatoires des prétendans qui venaient disputer le prix et pour y recevoir des nomophulakés (gardiens des lois) la connaissance des règlemens à observer. C’était dans ce lieu que se tenaient les registres où l’on inscrivait le nom, le pays, le genre d’exercice de chaque athlète qui se présentait pour combattre et le nom et le pays de quiconque sortait victorieux de ces combats : cette coutume, bien capable d’entretenir une noble émulation, fut toujours fidèlement observée. Un héraut proclamait publiquement à l’ouverture des jeux les noms de tous ceux qui s’étaient, pour ainsi dire, enrôlés ; puis les juges faisaient prêter le serment, non-seulement aux athlètes, mais encore à leurs parens, comme nous l’avons déjà dit. La cérémonie du serment avait lieu dans le sénat : on immolait un porc, et c’était sur les membres sanglans de la victime, en présence de Jupiter Orkios (qui préside aux sermens), que juraient les athlètes et ceux qui les accompagnaient. Le dieu avait un air terrible ; il tenait des foudres de chaque main, et sous ses pieds étaient gravés, sur une tablette de bronze, des vers élégiaques remplis des imprécations les plus terribles contre les parjures. Tout cet appareil était bien capable d’inspirer de la crainte.

Après le serment, le sort réglait l’ordre dans lequel les prétendans étaient appelés à combattre. On plaçait dans une urne d’argent (kalpis) de petites boules de la grosseur d’une fève, marquées des caractères de l’alphabet. La même lettre se trouvait sur deux boules, et les deux prétendans qui les avaient amenées combattaient ensemble. Si les prétendans étaient en nombre impair, celui qui amenait la boule dépareillée était appelé ephedros, parce qu’il devait combattre le dernier et disputer le prix avec le prétendant qui jusque-là avait obtenu l’avantage. On regardait cette chance comme entièrement favorable ; cet ephedros en effet se présentait au combat frais et bien disposé contre un adversaire dont les triomphes précédens avaient dû épuiser les forces.

On avait établi des peines sévères, des amendes considérables contre ceux des athlètes qui n’observaient pas strictement les lois du combat. Mais ni les lois, ni les peines ne furent pas toujours un frein capable de contenir l’ambition. Il y eut des supercheries : la punition prompte et sévère qu’en firent les juges n’empêcha pas certains athlètes de tomber de temps en temps dans les mêmes fautes. Le Thessalien Eumolpus est le premier qui corrompit, à force d’argent, ceux qui se présentèrent contre lui au combat du ceste. On punit Eumolpus pour avoir donné l’argent ; ceux à qui il l’avait donné, pour l’avoir reçu, et, du produit de l’amende, les Éléens firent élever, en l’honneur de Jupiter, six statues de bronze. L’une de ces statues portait cette inscription : « Le prix des jeux olympiques s’acquiert, non par l’argent, mais par la légèreté des pieds et la force du corps. » Une autre louait les Éléens d’avoir noté d’infamie ceux qui tentèrent d’introduire la fraude au combat du ceste.

Quoique rien ne fût plus infamant que l’amende et les monumens dont je viens de parler, il se trouva cependant un Athénien nommé Callipe qui acheta le prix du pentathle en la cent deuxième olympiade. Il fut condamné rigoureusement à la peine que méritait sa faute ; et Hypéride, député d’Athènes, ayant demandé sa grâce sans pouvoir l’obtenir, les Athéniens défendirent au coupable de payer. Mais les Éléens, fermes à maintenir leurs lois, ne s’épouvantèrent pas de cette défense : ils exclu-