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mots nouveaux et s’emporte en des nombres dégagés de toutes lois ;

» Soit qu’il chante les immortels, soit qu’il chante les rois, enfans des dieux, ces héros qui, par un juste trépas, étouffèrent les Centaures et les flammes de l’effroyable Chimère ;

» Soit qu’il célèbre l’athlète ou le coursier victorieux que la palme éléenne ramène couverts d’une gloire éternelle et qu’il les enrichisse d’un présent préférable à cent statues ;

» Soit enfin qu’il déplore un jeune époux ravi à son épouse désolée, et qu’élevant jusqu’aux cieux sa force, son courage, ses mœurs pures, il les dérobe au noir Léthé.

» Lorsque le cygne de Dircé plane vers les régions célestes, un souffle puissant l’élève et le soutient ; mais pour moi, semblable à l’abeille du mont Matinus qui va butiner laborieusement sur le thym odoriférant, j’erre dans les bois et près des ruisseaux qui arrosent Tibur, et là, faible poëte, je forge péniblement mes vers. »

La mort de Pindare fut aussi paisible que sa vie avait été glorieuse. Penché sur les genoux de Théoxènes, jeune homme qu’il aimait tendrement, il s’endormit pour toujours au milieu d’une foule d’admirateurs qui se pressaient autour de lui sur le théâtre. Il était âgé de quatre-vingt-six ans.