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fille du superbe fleuve Océan, engendrèrent dans la mer stérile les aimables nymphes Proto, Eucrate, Sao, Amphitrite, Eudore, Thétis, Galéné, Glaucé, Cymothoë, Spéio, Thoë, l’agréable Thalie, la gracieuse Mélite, Eulimène, Agavé, Pasythée, Erato, Eunice aux bras de rose, Doto, Ploto, Phéruse, Dynamène, Nésée, Actée, Protomédie, Doris, Panope, la belle Galatée, l’aimable Hippothoë, Hipponoë aux bras de rose, Cymodocé qui sur la sombre mer, avec Cymatolége et Amphitrite aux pieds charmans, calme sans efforts la fureur des vagues et le souffle des vents impétueux, Cyrno, Eïoné, Halimède à la belle couronne, Glauconome au doux sourire, Pontoporie, Liagore, Evagore, Laomédie, Polynome, Autonoë, Lysianasse, Evarné douée d’un aimable caractère et d’une beauté accomplie, Psamathe au corps gracieux, la divine Ménippe, Néso, Eupompe, Thémisto, Pronoë et Némertès en qui respire l’âme de son père immortel. Ainsi l’irréprochable Nérée eut cinquante filles savantes dans tous les travaux.

Thaumas (27) épousa Électre, née du profond Océan ; Électre enfanta la rapide Iris, les Harpies à la belle chevelure, Aéllo et Ocypétès qui de leurs ailes légères égalent la vitesse des vents et des oiseaux en volant sous la céleste voûte.

Céto aux belles joues donna à Phorcys (28) des filles blanches dès le berceau et appelées les Grées par les dieux immortels et par les hommes qui marchent sur la terre, Péphrédo au beau voile, Enyo au voile de pourpre, et les Gorgones (29) qui habitent par delà l’illustre Océan, vers l’empire de la Nuit, dans ces lointaines contrées, où demeurent les Hespérides à la voix sonore, les Gorgones Sthéno, Euryale et Méduse éprouvée par de cruelles souffrances. Méduse était mortelle, tandis que ses autres sœurs vivaient exemptes de vieillesse et de mort ; Neptune aux noirs cheveux s’unit avec elle dans une molle prairie, sur une couche de fleurs printanières. Lorsque Persée lui eut tranché la tête, on vit naître d’elle le grand Chrysaor et le cheval Pégase. Pégase mérita son nom parce qu’il était né près des sources de l’Océan, Chrysaor parce qu’il tenait un glaive d’or dans ses mains. Persée, quittant une terre fertile en beaux fruits, s’envola vers le séjour des immortels, et il habite le palais de Jupiter, de ce dieu prudent dont il porte le tonnerre et la foudre.

Chrysaor, uni à Callirhoë, fille de l’illustre Océan, engendra Géryon aux trois têtes ; le puissant Hercule, désarmant Géryon, lui enleva ses bœufs aux pieds flexibles dans Erythie entourée de flots, le jour où il conduisit ces animaux au large front jusque dans la divine Tirynthe, après avoir traversé la mer et immolé Orthros avec le pasteur Eurytion, dans une étable obscure, par delà l’illustre Océan.

Callirhoë, au fond d’une caverne, produisit un autre enfant monstrueux, invincible et nullement semblable aux hommes ou aux dieux, la divine Echidna au cœur intrépide, moitié nymphe aux yeux noirs et aux belles joues, moitié serpent énorme et terrible, marqué de taches diverses et nourri de chairs sanglantes dans les entrailles de la terre sacrée. Ce monstre habite un antre profond dans le creux d’un rocher, loin des hommes et des immortels : c’est là que les dieux lui assignèrent une glorieuse demeure. Renfermée dans Arime, la fatale Echidna vivait sous la terre, toujours affranchie de la vieillesse et du trépas. Typhaon, ce vent fougueux et redoutable, s’unit, dit-on, avec cette nymphe aux yeux noirs, qui, devenue enceinte, enfanta une race courageuse, d’abord Orthros, ce chien de Géryon, ensuite l’indomptable Cerbère, qu’on ne nomme qu’avec effroi, ce gardien de Pluton, ce dévorant Cerbère à la voix d’airain, aux cinquante têtes, ce monstre impudent et terrible, enfin la fatale hydre de Lerne, que nourrit Junon aux bras d’albâtre, pour assouvir son implacable haine contre Hercule ; mais ce fils de Jupiter, armé du glaive destructeur et secondé du vaillant Iolaüs, immola cette hydre, d’après les conseils de la belliqueuse Minerve. Echidna fit naître aussi la Chimère qui, exhalant des feux inextinguibles, monstre terrible, énorme, rapide, infatigable, portait trois têtes, la première d’un lion farouche, la seconde d’une chèvre, la troisième d’un dragon vigoureux ; lion par le haut de son corps, dragon par derrière, chèvre par le milieu, elle vomissait avec un bruit affreux les tourbillons d’une dévorante flamme. La Chimère succomba sous Pégase et sous le brave Bellérophon. Echidna, s’accouplant avec Orthros, engendra le Sphinx, si fatal aux enfans de Cadmus, et le lion de Némée, que Junon, auguste épouse de Jupiter, nourrit et plaça sur les hauteurs de Némée pour la perte des humains. Ce lion, qui régnait sur le Trétos, sur Némée et sur l’Apésas, ravageait les tribus des hommes ;