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X.

A GLAUCUS.

Glaucus, berger de ce troupeau, je vais donner à ton esprit un sage conseil : Avant tout, offre le repas à tes chiens devant la porte de ta cabane ; c’est la plus sage précaution, car le chien est le premier à entendre l’homme vagabond et le loup qui se précipite dans la bergerie.

XI.

CONTRE UNE PRÊTRESSE DE SAMOS.

Divinité de la jeunesse, exaucez mes vœux : faites que cette femme repousse l’amour et les caresses des jeunes gens ; qu’elle ne se plaise qu’avec les vieillards dont l’âge a brisé les forces et que le désir ranime encore, mais en vain.

XII.

A LA MAISON.DES AMIS.

Les enfans sont la couronne de l’homme, les tours, la couronne d’une cité. Les coursiers sont l’ornement de la plaine, les vaisseaux sont l’ornement de la mer ; les richesses accroissent une maison ; les rois vénérables assis en assemblée sont pour le peuple un spectacle auguste : mais ce qui me plaît encore davantage, c’est une maison où brille le foyer pendant les rigueurs de l’hiver quand Jupiter répand la neige.

XIII.

LE FOURNEAU OU LA TERRE A POTIER.

Accordez-moi une récompense, ô potier, et je ferai entendre mes chants : venez en ces lieux, Minerve ; protégez ces fourneaux de votre main puissante ; faites que les vases et les corbeilles se colorent d’une teinte brunâtre, qu’ils cuisent à point, qu’ils se vendent bien, qu’ils aient un grand débit soit au marché soit dans les rues, qu’ils rapportent beaucoup ; et qu’ils me rapportent aussi à moi, puisque je chante. Mais, ô potier, si vous me refusez un salaire en me trompant, j’invoquerai contre vous tous les dieux funestes aux fourneaux : Santribe, Smarages, Asbrétos, Sabactée, Omodamon, qui causent de grands dommages aux potiers ; je les prierai d’abattre ce portique et cette maison ; qu’en même temps tout le fourneau soit détruit au milieu de vos cris d’alarmes. Comme frémit un cheval furieux, qu’ainsi le fourneau frémisse et que dans l’intérieur les vases fracassés soient éparpillés en éclat. Venez, fille du Soleil, enchanteresse Circé, répandez vos funestes poisons, perdez-les eux et leurs ouvrages. Venez aussi, Chiron, venez avec tous vos Centaures, ceux échappés aux bras vengeurs d’Hercule et ceux même qui ont péri ; que ces travaux soient indignement brisés, que le fourneau s’écroule et qu’eux-mêmes, au milieu de gémissemens inutiles, contemplent ces tristes exploits ; moi, je me réjouirai de ce malheureux désastre. Enfin si quelque imprudent s’approche trop pour regarder ces ravages, que son visage soit la proie des flammes, afin que tous apprennent à respecter la justice !

XIV.

LE RAMEAU.

Nous sommes arrivés devant la maison d’un riche ; il peut de grandes choses : il jouit d’une grande félicité. Portes, ouvrez-vous ! de nombreux trésors sont dans cette demeure ; avec les richesses y brillent aussi la joie et la douce paix. Que les amphores soient toujours pleines, que dans les vases le feu cuise sans cesse le gâteau délicat de sésame qui flatte l’œil. L’épouse de votre fils montera sur sa couche pour y reposer ; des mules aux pieds robustes la conduiront à la maison. Elle tissera la toile en appuyant ses pieds sur une escabelle ornée d’ambre. Oui, je reviendrai, je reviendrai chaque année, comme l’hirondelle aux pieds délicats revient sous ces portiques. Aidez-nous promptement, si vous voulez être généreux avec nous : autrement nous ne séjournerons pas ici, car nous ne sommes pas venus pour y habiter.

XV.

A DES PÊCHEURS.
HOMÈRE.

Pêcheurs d’Arcadie, qu’avons-nous fait ?

LES PÊCHEURS.

Nous laissons tout ce que nous avons pris ; nous emportons ce que nous n’avons pu prendre.