Je suis une fleur qui danse,
Et de sexe délestée,
Tout ce qui émeut les sens,
Je le transpose en beauté ;
Je ne touche plus la terre,
Je suis étoile vraiment,
Je tourne comme les sphères
Suspendues au firmament.
Mes jupes sont auréole,
La pesanteur me soulève,
Je tourne, vire et m’envole
Comme un rêve entraîne un rêve :
Fleur sans odeur ni semence,
Astre stérilement pur,
Il me suffit que je danse
En silence dans l’azur.
Elle chante cela d’une voix inhumaine,
D’une voix qui d’une machine semble issir :
On y perçoit comme un bruit de roues et de chaînes
Par cela même elle vous trouble et vous attire.
Jamais vit-on merveille, ô Divine, aussi pure ?
Tu es la Beauté même et dénudée de tout,
Même d’elle, tu es l’essence et la mesure
Et ta propre géométrie dressée debout ;
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la danse macabre
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