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le combattit avec acharnement, et de sa longue campagne contre lui il est resté tout un volume : le Roman naturaliste, qui est un des meilleurs ouvrages du célèbre critique ; M. Jules Lemaître fut le plus indulgent et, dans son célèbre article de 1884, s’attacha surtout à « comprendre » ce que du reste il n’aimait pas et à faire comprendre ce que du reste il était étonné qu’on aimât. Il définit l’œuvre de Zola « une épopée pessimiste de l’animalité humaine », et c’était bien marquer avec douceur la limite au-dessus de laquelle Zola ne pouvait pas s’élever et dénoncer avec discrétion la prétention injustifiée d’un auteur qui prétendait bien écrire l’épopée de l’humanité elle-même.

M. Anatole France fut le plus dur, comme étant, de tous, le plus délicat, le plus délié, le plus subtil, et tout au moins, aussi lettré que tous les autres. Il dit, avec une colère qui est peu dans ses habitudes, particulièrement significative, par conséquent : « Son œuvre est mauvaise et il est un de ces malheureux dont on peut dire qu’il vaudrait mieux qu’ils ne fussent jamais nés. Certes, je ne lui nierai pas sa détestable gloire. Jamais homme n’avait à ce point méconnu l’idéal des hommes. »

Si Zola a tant déplu aux délicats et à ce qu’on