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II


Ainsi désarmé, il entra dans le champ de bataille vers 1870. À cette époque, il eut une idée, la seule qu’il ait eue de sa vie. Il s’avisa de l’hérédité. Avec un peu de Taine mal compris et peut-être de Claude-Bernard mal lu, et peut-être avec le souvenir d’une boutade de Sainte-Beuve : « Je fais l’histoire naturelle des esprits », il se dit que l’homme était le produit de sa race et un peu de son milieu, et il se dit qu’il serait intéressant de faire l’histoire d’une famille de 1840 à 1870.

Comme dit Joseph Prudhomme, au fond c’était superficiel ; autrement dit, en réalité, ce n’était que la façade de son œuvre. Il avait dans l’idée de peindre des gens de haute classe, des bourgeois, des ouvriers, des artistes, des paysans, comme tout romancier plus ou moins réaliste, et il trouvait ingénieux et de nature à donner un air scientifique à ses ouvrages, du moins aux yeux des commis-voyageurs, d’établir entre ces différents personnages des liens imaginaires et tout arbitraires de parenté et d’alliances. Personne, du reste, ne fit la moindre attention à cet arbre généa-