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la correspondance

et licence de la poésie dramatique, devoirs de la critique, stupidité des guerres littéraires, prosodie, prononciation, déclamation, comédie comique et comédie larmoyante, oraisons funèbres, littératures étrangères comparées à la littérature française, métrique grecque et latine, etc.

C’est encore : appréciations et jugements de presque tous les auteurs français connus et de beaucoup d’écrivains étrangers. On trouve à chaque instant dans ces lettres les noms de Rabelais, Montaigne, Balzac, Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Quinault, Boileau, Pascal, Bossuet, La Rochefoucauld, Massillon (très aimé de Voltaire), Fénelon, Montesquieu, Lamotte, Jean-Baptiste Rousseau, La Fare, Chaulieu, Marivaux, Destouches, Saint-Lambert, Diderot, Duclos, d’Alembert, Homère, Sophocle, Euripide, Pindare, Horace, Virgile, Tacite, Arioste, Tasse, Pope, Shakespeare, Dryden, etc. Voici, comme simple spécimen, une lettre de Voltaire sur La Fontaine, qu’il n’aimait pas assez, et Arioste qu’il aimait trop :

À M. de Chamfort[1] : « Monsieur, quand M. de La Harpe m’envoya son éloge de La Fontaine, qui n’a point eu le prix, je lui mandai qu’il fallait que celui qui l’a emporté fût le discours le plus parfait qu’on eût vu dans toutes les Académies de ce monde.

Votre ouvrage m’a prouvé que je ne me suis pas trompé.

Je bénis Dieu, dans ma décrépitude, de voir qu’il y ait aujourd’hui des genres dans lesquels on est bien au-dessus du grand siècle de Louis XIV. Ces genres ne sont pas en grand nombre, et c’est ce qui redouble l’obligation que je vous en ai. Je vous remercie, du fond de mon cœur usé, de tous les plaisirs nouveaux que votre ouvrage m’a donnés ; tout ce que

  1. Chamfort avait remporté le prix à l’Académie dans le concours ayant pour sujet l’Éloge de La Fontaine. La Harpe avait concouru.