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Voltaire

les plus élevées, les plus distinguées, les plus nobles et les plus gravement et respectueusement tendres qui soient parties de sa main.

Ces lettres traitent littéralement de tous les sujets qui peuvent occuper l’esprit humain, depuis trois louis à donner à un écrivain besoigneux, jusqu’à l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu.

Philosophie, politique, administration, lettres, arts, mathématiques, physique, industrie, agriculture, économie politique, économie domestique, grammaire, orthographe, alphabet, selon le jour et selon l’heure, Voltaire s’occupe absolument de toutes choses, le fond de sa nature étant de s’intéresser à tout.

Ce serait avec jalousie qu’il verrait quelque chose au monde sur quoi il n’eût pas donné son avis, exprimé ses préférences, indiqué une solution.

Ce sont des considérations sur la vertu dans les républiques et les monarchies, dans l’Orient et dans l’Occident, à propos de l’Esprit des lois de Montesquieu ; des boutades sur l’impuissance des moralistes à réformer le monde et sur la misère morale de l’humanité ; des conseils à Catherine II sur l’éducation des filles ; des idées consolantes et profondes à la fois sur la vie, la maladie, la mort, le suicide ; des réflexions fines sur l’amour-propre et les moyens de le bien diriger, des vues sur la connaissance de Dieu et des premiers principes, des aperçus sur le prétendu bonheur de la vie sauvage et les avantages de la vie de société. — Voici, par exemple, ce qu’il écrit à Catherine II sur le « Saint-Cyr » des jeunes filles russes :

« Madame, la lettre de Votre Majesté du 30 janvier semble m’avoir ranimé, comme vos lettres à vos généraux d’armée semblent devoir faire tomber Mustapha de faiblesse.