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la correspondance

la vanité de Voltaire, voici Frédéric, d’abord prince royal de Prusse, puis roi sous le nom de Frédéric II, flatteur, insinuant, sollicitant des conseils, demandant des leçons de philosophie et de style avec une coquetterie où Voltaire, nous l’avons vu, se laissa prendre, et qui cachait un parfait égoïsme.

Voici Catherine de Russie, plus sincère et portée, ce semble, d’une sympathie plus vraie vers les philosophes français : Diderot, d’Alembert, et Voltaire lui-même.

Voici Frédéric Guillaume de Prusse, pendant la vie de Voltaire simple prince héritier, plus tard roi sous le nom de Frédéric Guillaume II, esprit trouble et bizarre, engoué de métaphysique et à qui Voltaire donne des leçons de bon sens.

Ensuite viennent les ministres et les hommes d’État : le marquis d’Argenson, ministre des affaires étrangères de 1744 à 1747, camarade de collège de Voltaire, resté son ami, esprit élevé, un peu chimérique, philosophe, moraliste, publiciste, et assez méchant écrivain, nonobstant quelques traits d’une originalité heureuse ; M. le marquis de Chauvelin (fils du ministre du même nom), ambassadeur, ami particulier de Louis XV ; M. de Choiseul, successivement ministre des affaires étrangères et ministre de la guère et de la marine, l’esprit le plus éclairé du temps, très grand ministre, dont la période de puissance fut celle de la faveur de Voltaire auprès de la cour ; M. le duc de Richelieu, vainqueur de Fontenoy et de Port-Mahon, brave, brillant, spirituel, celui que Voltaire appelle constamment « son héros. »

D’autres, qui ont le même caractère dans la République des Lettres, sont les grands écrivains philosophes avec qui Voltaire reste en relations quotidiennes,