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CHAPITRE XII

LA CORRESPONDANCE.

De tous les auteurs connus, Voltaire est peut-être celui dont la correspondance est la plus célèbre. Elle forme à elle toute seule un grand ouvrage qui suffirait à illustrer un homme. Comment, du reste, ne serait-elle pas un monument extraordinaire ? Les historiens y trouvent toute l’histoire du xviiie siècle ; les historiens littéraires toute l’histoire littéraire du xviiie siècle, à commencer par la fin du xviie ; les philosophes une foule d’aperçus vifs, curieux et parfois profonds ; les économistes des détails sur l’état des mœurs et sur la condition des classes diverses, particulièrement de la classe agricole, à la veille de la Révolution ; les lettrés enfin la langue et le style les plus spontanés, les plus naturels et les plus aimables dont jamais on ait usé.

Rien au monde de plus précieux et rien de plus agréable. Cette correspondance a dix ou douze volumes, et l’on voudrait qu’elle en eût davantage. Des recueils de lettres les plus courts c’est le contraire qu’on souhaite ordinairement.

Depuis Frédéric II et Catherine de Russie jusqu’à son agent d’affaires à Paris, le bon, ponctuel et imperturbable abbé Moussinot, Voltaire a eu environ huit cents correspondants.

Pour commencer par ceux qui ont le plus chatouillé