Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
les petits vers

Sur Le Franc de Pompignan, qui l’avait blessé avec une lourdeur assez gauche et une estime de soi assez niaise, Voltaire fut intarissable :

Savez-vous pourquoi Jérémie
A tant pleuré pendant sa vie ?
C’est qu’en prophète il prévoyait
Qu’un jour Le Franc le traduirait.

Et encore :

Pour vivre en paix joyeusement,
Croyez-moi, n’insultons personne.
C’est un petit avis qu’on donne
Au sieur Le Franc de Pompignan.

Pour plaire il faut que l’agrément
Tous vos préceptes assaisonne :
Le sieur Le Franc de Pompignan
Pense-t-il donc être en Sorbonne ?

Pour instruire il faut qu’on raisonne
Sans déclamer insolemment,
Sans quoi plus d’un sifflet fredonne
Aux oreilles d’un Pompignan.

Pour prix d’un discours impudent.
Digne des bords de la Garonne,
Paris offre cette couronne
Au sieur Le Franc de Pompignan.

Et encore :

Oui, ce Le Franc de Pompignan
Est un terrible personnage,
Oui, ses psaumes sont un ouvrage
Qui nous fait bâiller longuement.

Oui, de province un président.
Plein d’orgueil et de verbiage,
Nous paraît un pauvre pédant,
Malgré son riche mariage.