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Voltaire

Et sur le cadran solaire d’une maison de campagne il crayonnait :

Vous qui vivez dans ces demeures,
Âtes vous bien ? Tenez-vous-y ;
Et n’allez pas chercher midi
À quatorze heures.

Néricault-Destouches avait fait une Comédie intitulée le Glorieux. Il ne laissait pas d’avoir assez de vanité lui-même et croyait renouveler le théâtre, comme tous ceux qui ont fait une comédie :

Néricault dans sa comédie
Croit qu’il a peint le glorieux ;
Pour moi, je crois, quoi qu’il nous die,
Que sa préface le peint mieux.

Louis XV, comme on sait, n’était pas toujours très sensible aux compliments de Voltaire. Voltaire se vengeait parfois sourdement de ces mépris : sur le panégyrique de Louis XV :

Cet éloge a très peu d’effet ;
Nul mortel ne m’en remercie.
Celui qui le moins s’en soucie
Est celui pour qui je l’ai fait.

M. d’Aube, intendant de Soissons, neveu de Fontenelle, était un personnage assez hargneux. Voltaire lui fit à l’avance cette belle épitaphe :

« Qui frappe là ? dit Lucifer.
— Ouvrez, c’est d’Aube. » Tout l’enfer
À ce nom fuit, et l’abandonne.
« Oh ! oh ! dit d’Aube, en ce pays
On me reçoit comme à Paris.
Quand j’allais voir quelqu’un, je ne trouvais personne. »