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Voltaire

La nuit, le jour, veut être, à mon avis,
Tant qu’elle peut la maîtresse au logis :
Il faut toujours que la femme commande :
C’est là son goût. Si j’ai tort, qu’on me pende. »

Comme il parlait, tout le conseil conclut
Qu’il parlait juste et qu’il touchait au but.

Il ne fut pas seulement acquitté ; mais ayant, par reconnaissance, consenti à épouserla vieille bergère qui l’avait instruit, il se trouva être le mari de la fée Urgèle, qui, quand elle ne se déguisait pas en vieille, était charmante.

Oh ! l’heureux temps que celui de ces fables,


dit l’auteur en terminant,

Des bons démons, des esprits familiers,
Des farfadets aux mortels secourables !
On écoutait tous ces faits admirables
Dans son château, près d’un large foyer.
Le père et l’oncle, et la mère et la fille,
Et les voisins, et toute la famille.
Prêtaient l’oreille à Monsieur l’aumônier
Qui leur faisait ces contes de sorcier.
On a banni les démons et les fées ;
Sous la raison les grâces étouffées
Livrent nos cœurs à l’insipidité.
Le raisonner tristement s’accrédite.
On court, hélas ! après la vérité :
Ah : croyez-moi, l’erreur a son mérite !

C’est de même une petite leçon pour tous les temps que l’histoire de Thélème et de Macare. C’est une allégorie, mais qui n’a rien de très abstrus ; et il suffit de Savoir, pour la comprendre, que Thélème signifie Désir et que Macare veut dire bonheur. On sait assez que, de