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CHAPITRE IX

NOUVELLES ET CONTES EN VERS.

Les contes en vers, à l’imitation des Italiens et de La Fontaine, sont chez Voltaire surtout des divertissements, comme on pense bien. Mais ils ont toujours le secret dessein de faire entendre une vérité de bon sens pratique et de petite sagesse courante et mondaine.

Les éditeurs de Kehl font remarquer dans leur Avertissement aux contes en vers qu’on y trouve « une poésie plus brillante, une philosophie aussi vraie, aussi naïve, mais plus relevée que dans ceux de La Fontaine. » Nous voilà bien avertis. On peut se demander quel genre de philosophie on peut trouver dans les contes de La Fontaine. Celle de Voltaire est « plus élevée. » Cela lui est facile.

Tant y a que cette philosophie existe dans les contes de Voltaire. Ils se proposent à l’ordinaire de noter un trait du caractère, un tour des mœurs humaines avec bonne humeur et légère causticité. À cet égard ils sont comme à égale distance entre le conte proprement dit et la satire.

Ils sont en général charmants dans ce rôle, dans cet office intermédiaire, qui leur laisse toute leur grâce et atténue un peu ce qu’il y a de trop frivole dans ce genre littéraire. C’est ainsi que sous ce titre piquant :