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CHAPITRE V

LE SOCIOLOGUE.

L’histoire mène à la sociologie, c’est-à-dire à l’étude de l’organisation de la société telle qu’elle est et telle qu’on souhaiterait qu’elle fût. À la vérité, il y a des sociologues qui ne sont pas historiens et qui réforment la société et l’humanité sans savoir comment les sociétés se sont formées et déformées jusqu’à nos jours et sans savoir comment l’humanité s’est comportée depuis qu’elle a laissé des souvenirs d’elle. Mais ils ont tort ; et la base de toute sociologie doit être l’histoire bien connue et bien pratiquée.

Ce fondement. Voltaire l’avait. Voyons ce qu’il a essayé de bâtir dessus.

Peu de chose, à vrai dire, et il n’est rien dont on doive plus le féliciter. Voltaire n’est pas un systématique ; il n’est pas de ceux qui prétendent changer toute la société de la base au faîte et lui donner en un tournemain une nouvelle forme. Il est essentiellement conservateur. Il vit dans une monarchie. Il ne songe pas, à renverser la monarchie absolue. Il a même pour la monarchie absolue entourée d’hommes intelligents, lettrés et artistes et gouvernant sagement, pour le despotisme intelligent d’un Louis XIV, d’un Frédéric II, dune Catherine II, un véritable penchant, un goût très vif, une constante inclination. Il n’est partisan d’aucun de ces