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DE L’ORTHOGRAPHE

française et l’on ne fait que revenir à figurer la prononciation de l’ancien temps.

— Oui ; mais comment prononcera-t-on, non pas dans l’ancien temps, mais demain et après-demain ?

On prononcera comme on voudra. Ceux qui aiment la prononciation dure mettront la double lettre, comme les Méridionaux, qui non seulement prononcent toutes les lettres, mais en ajoutent. Ceux qui aiment la prononciation douce ne mettront qu’une lettre.

Je ne plaisante point. Ne voyez-vous pas que là même où le dictionnaire ne met qu’une lettre, il y a des cas où beaucoup de gens en mettent deux ? J’entends à chaque instant prononcer Accadémie, très nettement. La moitié des Français prononcent mairrie ou mairerie, pour mairie, sans savoir pourquoi. Il n’est bon Parisien de Paris qui ne dise : « J’eull l’ai vu » pour « Je l’ai vu. » Où a-t-il pris cette double ou cette triple lettre ? Il l’a prise sous son bonnet.

On écrira litéraire, et ceux qui voudront prononcer littéraire, il leur sera tout loisible.

— Mais encore, cette même influence de l’orthographe ou de l’imprimé sur la prononciation fera qu’on viendra vite à ne plus guère doubler la lettre.