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DE L’ORTHOGRAPHE

quoi l’on s’habitue le plus vite ; la seconde que le mot, si l’on veut, peut être beau ou laid ; mais que le mot laid, le mot affreux, c’est le mot surchargé et hérissé, et que le mot beau c’est le mot simple, sobre, uni et dépouillé, et qu’il en est de la toilette des mots comme de celle des hommes et des femmes. Ce qui est affreux c’est rhythme ; ce qui est beau c’est bau, comme l’écrivait Voltaire.

Il me semble remarquer, puisque maintenant je discute avec les artistes littéraires, que beaucoup d’artistes littéraires sont de mon avis. Non pas tous ! Je sais que Renan tenait à la physionomie des mots telle qu’il l’avait considérée en apprenant à lire ; que Leconte de l’Isle quand il s’agissait de retrancher des lettres, était pour qu’on en ajoutât ; mais regardez donc La Fontaine : voici les quatre premiers vers de l’Élégie aux nymphes de Vaux, tels qu’ils furent imprimés dans l’édition princeps. Étant donnée la différence extrême qu’il y a entre leur orthographe et l’orthographe ordinaire du temps, il n’y a nul doute pour M. A.-F. Didot, et je lui donne raison, que cette orthographe de l’édition princeps n’ait été celle même de La Fontaine, calquée sur son manuscrit ou imposée à l’imprimeur par lui. Voici donc comme La Fontaine