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DE L’ORTHOGRAPHE

réforme simplificatrice. Je ne dis pas : ne pas tenir compte du phonétisme, de la prononciation, là où vraiment elle est à peu près générale ; je dis : ne pas se placer au point de vue du phonétisme comme règle.

2o  La Commission de simplification n’a pas tenu compte des tempéraments et transitions nécessaires. Elle propose, avec une bravoure qui, du reste, n’est pas pour me déplaire en soi, d’écrire : un home, une fame. — Eh bien ! — Eh bien, ce n’est pas irrationnel du tout : pour homme c’est même strictement étymologique ; pour femme c’est vraiment étymologique encore, quoique d’une façon moins apparente. Seulement, c’est ébouriffant. Il ne faut pas ébouriffer. Il ne faut pas qu’entre l’enfant qui apprendra une orthographe nouvelle et le papa qui jettera les yeux sur ses devoirs, il y ait, sur les mots usuels, de telles différences que le père soit abasourdi ; il ne faut pas, comme l’a très bien dit Sainte-Beuve, si hardi, vous l’avez vu, mais qui est le bon sens même, « introduire d’un seul coup trop de différences entre les textes déjà imprimés et ceux qu’on réimprimerait à nouveau » ; il ne faut pas trop étonner. Encore Sainte-Beuve. Il n’y a que lui : « L’Académie, après avoir écrit phantôme, phrénésie, phantastique, a osé écrire fantôme,