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DE L’ORTHOGRAPHE

croient et en disent, des ménagements et transitions.

1o Ils ne se sont pas établis en une bonne assiette. Préoccupés de leur phonétisme, ils y ont visé de tout leur cœur et en ont fait leur principe comme il était leur fin. Or il n’y a rien de trompeur comme le phonétisme. Écrire comme on prononce ! Mais chacun prononce à sa façon, selon sa province, selon son éducation, même selon son individualité. Pain, en bon phonétisme, devrait s’écrire pin à Paris et peigne à Bordeaux. Retrouvez-vous là-dedans ! J’ai l’air de plaisanter. Point du tout. Les variations à cet égard sont si fortes que la Commission de simplification, pour ce qui est des lettres doubles, voulant ne mettre la lettre double que là où on la prononce, propose d’écrire : alécher, aléger, alégresse, célule, célulose, colection, ébulition, pélicule, imbécilité, soliciter… Remarquez que moi, je suis pour la suppression des lettres doubles ; mais je ne m’appuie pas sur le phonétisme, et pour le moment je veux simplement faire remarquer que le phonétisme est principe si peu sûr et la façon de prononcer prise comme base de la façon d’écrire chose si trompeuse, que voilà des hommes qui proposent d’écrire célule pour cette raison qu’on prononce célule. Qui diable prononce célule ? qui alécher ?