Page:Faguet - Simplification simple de l’orthographe, 1905.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
SIMPLIFICATION SIMPLE

antérieur de cinq ans, il avait bien annoncé qu’il l’était. Il rompit une forte lance. Il eut des mots durs, du moins étant données ses habitudes de courtoisie. Il dit : « La même autorité qui a importé les mots et vocables scientifiques peut intervenir pour les modifier. Ainsi rien n’oblige d’user perpétuellement de cette orthographe si repoussante dans les mots rhythme, phthisie, catarrhe, etc., et il y a quelque temps que Ronsard et son école, tout érudits qu’ils étaient, avaient désiré affranchir et alléger l’écriture de cet « insupportable entassement de lettres ».

Il entassa, lui, les autorités pour peser dans le sens de la simplification. Il rappela Meigret, Ramus, Corneille, Bossuet, Voltaire. Il rappela que Bossuet avait dit « de ne pas s’attacher superstitieusement à toutes les lettres tirées des langues dont la nôtre a pris ses mots. » Il rappela l’abbé de Saint-Pierre, Dumarsais, Duclos, le père Ruffier, l’abbé Girard. Il eut tort de citer le mot de Voltaire, qui est beaucoup trop décisif et immodéré : « L’écriture est la peinture de la voix ; plus elle est ressemblante, meilleure elle est », et qui conduirait à l’orthographe individuelle, c’est-à-dire à une confusion telle qu’on ne se comprendrait jamais quand on s’écrirait les uns aux autres ; mais