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SIMPLIFICATION SIMPLE

ainsi qu’il te plaira… Tu éviteras toute orthographe superflue, et ne mettras aucunes lettres en les mots si tu ne les profères ; au moins, tu en useras le plus sobrement que tu pourras en attendant meilleure réformation ; tu écriras écrire et non escrire, cieux et non cieulx. Tu pardonneras encore à nos z [multipliés fantastiquement au milieu du xvie siècle] jusques à tant qu’elles soient remises aux lieux où elles doivent servir comme en roze, choze, épouze, etc… Autant en est-il de notre g, qui souventes fois occupe misérablement l’i consonne [c’est-à-dire le j], comme en langage pour langaje. [On voit que quand, à l’ébahissement de la foule, la Commission de simplification propose d’écrire gajure, elle répète simplement Ronsard et a une audace qui date de trois cent vingt ans. Veuillez croire, du reste, qu’elle le sait.]

Ailleurs, dans son Avertissement au lecteur de l’Abrégé susdit, Ronsard fait la guerre à l’y grec, invite chaudement à racler l’y grec, et fait cette observation de tout bon sens : « Lorsque tels mots grecs seront assez longtemps restés en France, il convient de les recevoir en notre mesnie [domaine], et de les marquer de l’i français, pour montrer qu’ils sont nôtres, et non plus inconnus et étrangers. »