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PROPOS LITTÉRAIRES

antipathies bienréelles et très manifestées î l’endroit de Genève. Une note en marge, comme en écrivait I>ayle, pour nous délasserun moment. Dansl’édition de Montaigne publiée en 1826 par, l.-V. Leclerc, il y a un Index assez bon. Cherchez-y Protestantisme y HuriuenotsJ^alvin, Réforme ; vous n’y trouverez rien du tout. Le rédacteur deVInclex n’a pas fait attention aux cent passages où Montaigne parle de ces choses. C’est qu’il n’est pas bon d’attirer l’attention du lecteur sur ces passages-là. Cherchez —y Religion. Vous trouverez ceci : « N’a point de fondement humain plus assuré que le mépris de la vie. — Les iiommes ne s’en servent communément que comme d’un moyen pour satisfaire leurs injustes passions. — Quelle est la plus vraisemblable des opinions humai—. nés touchant la religion ? — Il faut une religion palpable pour le peuple. — Zèle de la religion souvent excessif, par conséquent injuste. — A porté les chrétiens à détruire les livres des païens et à diffamer l’empereur Julien » — C’est tout. Le lecteur qui prend V Index pour guide impartial de la lecture prendra cette idée : 1° que Montaigne n’a jamais parlé du protestantisme ; 2" que Montaigne a très peu parlé de la religion et n’en a guère discouru que pour dire ([u’elle était un prétexte aux hommes à satisfaire leurs mauvaises passions ; que le zèle de la religion fait perdre la notion de la justice et que les chrétiens sont des Vandales et des diffamateurs. Ceci n’est-il pas caractéristique de l’esprit dans lequel on lisait Mon-