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PROPOS DE THÉATRE

bien, avec aisance, avec naturel et dans le ton. C’est un Lassouche plus fin. Son succès, qui a été très souligné, était le plus mérité du monde.

Parmi les dames, je ne fais nulle difficulté à convenir que Mme Rolly, Mme Burtal et Mme Lacombe n’excitent aucune animadversion et que Mme Rosine Maurelest à peu près à la moitié de la hauteur de l’excellent rôle de Mme Pichard. Mais, tout compte fait, il n’y a que l’extraordinaire Mme Lavallière qui soit digne d’éloge. Elle adonné quelque chose d’âpre et d’acidulé au personnage de Mariette et elle l’a renouvelé à souhait. Au fond, ce n’est pas cela et Mariette, dans le texte, est une bonne fille inconsciente ; mais il n’y a pas contresens formel et de faire paraître ou transparaître, sous la gamine vicieuse de petit théâtre, la terrible broyeuse et mangeuse de cœurs que Mariette pourra devenir, ce n’est pas du tout désagréable. Mme Lavallière n’a d’autre tort que d’un peu trop jouer Mariette en grande artiste ; je souhaite ce défaut à beaucoup de comédiennes.

Enfin, par sa seule vertu intense, ou à peu près, la Boule a triomphé et triomphera. C’est un spectacle qu’il faut aller voir, un des meilleurs du moment où nous sommes.

14 mars 1904.