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IV

LES HAINES DE PLATON : LES POÈTES.



Le plus grand des poètes grecs après Homère a détesté les poètes grecs et, du reste, par hypothèse et a priori, tous les poètes. Le fait est singulier. Il faut examiner cela.

On ne doit pas, peut-être, attacher trop d’importance à la plus célèbre dissertation de Platon sur les poètes, à la théorie de l’Ion, ni la prendre tout à fait au sérieux. À travers tout Platon il y a lieu de prendre garde à l’ironie, au paradoxe gai, aux jeux d’une imagination qui s’amuse. Je ne rapporte donc la théorie de l’Ion presque que pour mémoire. Dans l’Ion, Platon considère le poète, comme un être tout passif, qui est inspiré par les dieux, qui subit leur inspiration sans avoir rien de spontané et de personnel, comme un être aimanté par les dieux, qui aimante à son tour le rapsode, lequel aimante la foule ; métaphores à part, comme une espèce de fou assez divertissant,