une pensée qui n’en aurait pas besoin ; par son infini désir de plaire ; aussi par son amour de la discussion subtile, des détours captieux, des pièges oratoires, des voies détournées et obliques, des mille chemins pour un seul but, avec mépris de celui qui va tout droit ; par son goût du paradoxe, de l’argument qui étonne, de la gageure dialectique et du beau triomphe qu’il y a à la gagner ; il était sophiste à devenir le roi des sophistes, et il sentait que c’était là son défaut intime qu’il fallait réprimer en lui-même, en son fort et en son essence, tout en lui donnant mille satisfactions de détail.
Et l’homme de conscience ne combattant jamais plus passionnément que quand il se combat lui-même, Platon s’est criblé de coups en pugiliste acharné et du reste savant, sur la personne de Thrasymaque, de Gorgias et de Calliclès.