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matique à cet égard, ils faisaient hommage, du seul fait de laisser le champ libre. Ils semblaient dire : « Comme vous le savez, nous faisons des hommes forts. S’agit-il de faire des hommes vertueux, pieux, connaissant du juste et de l’injuste et agissant en raison de cette connaissance, ce n’est point notre affaire ; c’est une affaire qui n’est point la nôtre. » Si elle n’était point la leur, elle était donc celle des prêtres. Les sophistes n’inquiétaient pas le parti clérical et semblaient s’incliner devant lui par le respect des limites et des frontières et pouvaient être considérés par ce parti, pour peu qu’il ne fût pas très intelligent, sinon comme des collaborateurs, du moins comme des auxiliaires.

On voit très bien par l’Apologie de Socrate qu’il y eut partie liée, pour accuser Socrate, entre les sophistes, les politiciens et le parti clérical. Derrière Mélitus, « qui prend fait et cause pour les poètes », Anytus, qui prend fait et cause « pour les politiques et les artistes », et Lycon, qui prend fait et cause « pour les orateurs », Socrate, comme le fait parler Platon, montre ces hommes de diverses classes qui croient posséder la sagesse et à qui il a montré qu’ils ne la possédaient nullement. Il est assez probable que les sophistes sont parmi ces hommes-là, quoi-