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rien y avoir de plus sage que les lois ; car personne ne doit ignorer ce qui concerne la médecine et la santés l’art de conduire un vaisseau et de naviguer attendu qu’il est loisible à tout le monde d’apprendre les lois écrites et les coutumes des ancêtres… »

Ce terrible morceau d’ironie donne le ton qui est toujours, plus ou moins vif, celui de Platon toutes les fois qu’il songe aux Athéniens et à la mort de Socrate ; et il est assez rare qu’il songe à autre chose.

Platon était beaucoup plus poli que Voltaire, et il n’a jamais dit des Athéniens ce que Voltaire disait des Welches, à savoir que c’était une nation de singes et de tigres ; mais tenez pour certain qu’il l’a pensé et du reste qu’il l’a dit, moins brutalement. L’Athénien, l’homme qui a condamné Socrate à mort, l’homme qui pratique l’ostracisme de père en fils, l’homme de la démocratie pure, l’homme qui livre les magistratures au hasard, ou à l’élection, qui est un autre hasard, l’homme surtout qui est persuadé que tout Athénien est aussi savant en toutes choses que le plus grand savant de la terre ; l’Athénien paraît à Platon un simple sot, gonflé d’orgueil, merveilleusement impertinent et étourdi, et capable, comme tous les sots orgueilleux, de devenir cruel, à l’occasion,