Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont au plus haut degré, m’a toujours paru véritable. Ce sont en effet les seuls qui ne doivent point leur vertu à une éducation forcée : elle naît en quelque sorte avec eux ; ils la tiennent des Dieux en présent ; elle est franche et n’a rien de fardée… »

Mais quand il ne parle ni des Athéniens légendaires ni des Athéniens d’exception, dès qu’il en arrive aux Athéniens, même les plus illustres, de son temps ou de l’époque précédente, il est extrêmement dur et il n’est point de raillerie qu’il épargne aux Thémistocle et aux Périclès, ces gens qui, avec tout leur talent, ignoraient profondément l’art de rendre meilleurs leurs compatriotes, leurs contemporains et leurs fils.

Par mille allusions qui, à travers tous les dialogues et même les plus sublimes, percent et éclatent à chaque instant, Platon se plaît à railler la frivolité, l’inconséquence et, ce qui peut paraître singulier, mais ce qui est exact, l’esprit borné des Athéniens.

Il faut même prendre garde à ceci pour ne pas s’étonner des incartades, des outrances, des paradoxes de Platon. On ne se tromperait pas extrêmement en prenant toutes les œuvres de Platon comme des satires contre les Athéniens, leurs mœurs, leurs institutions et leur politique. Dès lors, ce qui paraît, quelquefois, une singularité ou