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à la subtilité souvent très inutile et toute gracieuse des argumentations, il faut bien reconnaître qu’il joint quelquefois une véritable incohérence, soit que les textes ne soient pas encore bien établis, soit que nous ne sachions pas bien les comprendre, soit que Platon, réellement, ne soit pas toujours maître de la suite de sa pensée. Il y en a bien des exemples. Je signale surtout les contradictions presque perpétuelles entre les différentes parties de la République contradictions qui indiquent très bien (et c’est un renseignement précieux) que Platon ne possède nullement, ou écrit, ou fortement dessiné dans son cerveau et arrêté dans sa mémoire, un plan de son gouvernement, de sa cité, de sa ville idéale ; mais qu’il improvise et cause sur sa ville idéale, conformément à deux ou trois idées d’ensemble ; mais, du reste, avec si peu de précision d’esprit ou de parti arrêté relativement au détail, et au détail important, que quand une question déjà traitée se présente à nouveau, ce qui arrive souvent, il lui donne une solution très différente de celle qu’il lui a précédemment donnée.

Tenez compte encore, soit pour dresser la liste des défauts de Platon, ce à quoi je ne tiens aucunement, soit pour continuer à expliquer pourquoi on le lit moins, qu’il a une véritable manie qui