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théisme lui-même, que de croire que la Divinité ne s’occupe pas de nous. La Divinité est providentielle ou elle n’est pas ; si vous préférez, la Divinité est providentielle ou elle est comme si elle n’était pas. Croyons donc soit à un Dieu, soit à des dieux subordonnés à un Dieu suprême, qui veillent sur nous et qui veulent que, soit à tout moment, et c’est le plus probable malgré les apparences, soit tôt ou tard, et il est possible qu’il en soit ainsi, la justice existe et règne sur toute la terre et dans toute la création.

Ce qui peut pousser d’ailleurs à croire, sans l’affirmer précisément, que notre âme est immortelle, à quoi, comme on vient de le voir, la morale est intéressée, c’est que l’âme, ou, comme on voudra le nommer, le principe intérieur qui gouverne tout notre être, a une nature très particulière. Portons notre attention sur cette nature particulière de l’âme. On a beaucoup cherché quel était le premier principe de toutes choses. Était-ce le feu ? était-ce l’eau ? et ainsi de suite. Il paraît bien plutôt qu’au commencement était l’âme, qu’au commencement était quelque chose qui n’était pas mû et qui mouvait. Quand on regarde les corps, on s’aperçoit, sans être forcé d’y apporter une grande attention, qu’ils sont tous mus les uns par les autres, qu’ils reçoivent le mouvement et qu’ils le