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Platon considère comme des athées ceux qui croient qu’il y a des dieux, mais qu’ils ne s’occupent pas de nous. Les dieux ont toutes les qualités et par conséquent ils ne peuvent être soupçonnés ni d’égoïsme, ni de paresse, ni de négligence. S’ils ont organisé le monde, ils doivent le gouverner, et avec sagesse. Ils sont comme les gardiens de la justice et de l’équité parmi ces hommes à qui ils ont permis de vivre.

On voit très bien le raisonnement des hommes qui ont refusé aux dieux la connaissance ou le souci des choses humaines. Comme tout à l’heure les athées proprement dits étaient frappés par la présence du mal sur la terre, maintenant nos négateurs de la Providence sont frappés du triomphe très fréquent de l’injustice dans la société. Ils disent : « Comment les Dieux peuvent-ils souffrir cela, si ce n’est parce qu’ils ne le voient pas et par conséquent parce qu’ils ne veulent pas le voir ? »

Cette objection ne tient pas ; d’abord parce qu’il y a une erreur de fait au fond de cette pensée. L’injustice ne triomphe pas ici-bas et c’est une pure illusion de croire qu’elle triomphe. Elle triompherait si l’injuste était heureux, s’il avait des jouissances qu’il dût à ses actes injustes et qui en fussent, chose qui serait révoltante en effet, comme