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— Par conséquent les philosophes doivent être les chefs de l’État.

— Comment donc ?

— Sans doute. Reprenons. Le tout est plus grand que la partie… »

Au bout de vingt pages il faut convenir que les gens de notre siècle sont un peu énervés.

Il semble bien qu’il ait eu conscience de ce défaut, évidemment sensible, même pour les Grecs ; car il écrit quelque part : « … je dis que nous devons, toi et moi, nous souvenir de ce qui vient d’être dit et avoir soin désormais de donner l’éloge ou le blâme à la brièveté ou à la longueur de nos discours en prenant pour règle de nos jugements non pas la longueur relative, mais cette partie de l’art de mesurer que nous avons dit qu’il faut toujours avoir présente à l’esprit et qui repose sur la considération de la convenance. Cependant nous ne rapporterons pas tout à cette règle. Nous ne nous interdirons pas une longueur agréable, à moins qu’elle ne soit un hors-d’œuvre. » — Et certes on ne peut guère, à la fois mieux s’excuser d’un défaut, mieux exprimer la crainte d’y retomber, mieux s’en défendre, et plus y être. Platon est un de ces hommes qui font frémir quand ils disent : « J’abrège. »

À la longueur des préliminaires et des « apprêts »,