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dieux me commandent d’un peu plus loin et voilà tout. On me répète que je suis obligé, en cherchant seulement à cette obligation un fondement plus mystérieux et une sanction plus effrayante. Je comprends très bien. On avait peur que je ne respectasse pas assez la patrie, qui est trop près de moi, que je connais trop et qui est composée de gens qui ne me paraissent pas autrement dignes de vénération, et c’est pour cela que l’on a jeté le fondement plus loin et plus haut. On avait peur que je ne fusse pas assez intimidé par la punition que la société peut infliger à qui désobéit à ses lois et l’on m’a montré des êtres qui peuvent punir plus que par la mort, puisqu’ils peuvent punir bien au delà et bien longtemps au delà de la tombe. Rien de plus habilement conçu ; mais c’est toute une métaphysique qu’il faut construire pour cela, et la morale est fondée sur une métaphysique encore plus transcendante que tout à l’heure ; c’est comme une morale ultra-métaphysique.

— Mais si l’on ne faisait la morale ni théologique, ni sociologique, et si on la faisait simplement humaine ; c’est-à-dire si l’on nous disait : « Ce qui t’oblige, c’est ta conscience » ? Toute métaphysique serait écartée.

— À mon avis pas le moins du monde. Si la conscience est la raison, la simple raison, j’ai devant