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drait mieux pour lui que les professeurs le laissassent de côté, moyennant quoi, après avoir quitté le collège, le curieux irait à lui comme à quelque chose d’inconnu, de non touché et d’imprévu. — Platon n’est plus lu qu’en classe, très partiellement, très superficiellement, par acquit de conscience, c’est-à-dire peu consciencieusement et avec le commencement du ferme propos de n’y plus revenir.

Et quand on y revient, je le sais par moi-même et par d’autres, il faut reconnaître qu’il nous donne quelques excuses pour le quitter, sinon très vite, du moins au bout de quelque temps. Il est long et il aime passionnément à être long. Il est causeur intarissable et causeur à répétitions et à retours sur lui-même. On lui a fait un grand mérite de ce que ses dialogues donnent absolument l’impression d’une conversation. Il est vrai ; mais il n’est que trop vrai ; et l’on ne songe point, quand on l’en loue, qu’une conversation, même de gens très intelligents, sténographiée, serait quelque chose de très pénible à lire et très fastidieux.

Il abuse de la dialectique minutieuse et pointilleuse et qui donne comme la sensation d’une hache divisant un porte-plume en allumettes et une allumette en aiguilles, ou plus encore d’un marteau frappant toujours sur le même clou avec