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leuse Allemagne » ; il consiste à persuader à un peuple que la nation adverse a mérité un châtiment céleste. Il y a au fond de cela le plus pur de l’esprit des guerres religieuses.

Nous n’avons pas besoin de dire que si les guerres de religion ont été des guerres civiles, les guerres civiles sont partiellement des guerres de religion. On persécute les catholiques en France sous prétexte, sans doute, qu’ils sont de mauvais citoyens et qu’ils élèvent les enfants pour en faire de mauvais citoyens ; mais en le croyant un peu ; et sans doute pour le faire croire, mais en se le persuadant à soi-même. Le fanatisme n’a fait que changer de forme, ou plutôt il n’a changé que de moyens. Il profite de l’organisation nouvelle, qui est le mécanisme régulier, et non plus irrégulier, de la force. On cherchait autrefois, en se battant, où était la force, et par conséquent où était la partie de la nation qui avait le droit et le devoir d’obliger l’autre partie à penser comme elle ; on cherche maintenant en se comptant, ce qui est un mécanisme plus régulier, où est la partie de la nation la plus nombreuse, c’est-à-dire la plus forte et qui par conséquent a le droit et le devoir d’imposer sa façon de penser à la moins nombreuse et à la moins forte. C’est une guerre religieuse à coups de bulletins, qui ne lève pas une armée, mais qui met tout ce qui est armé dans