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le reste du peuple ait la même religion qu’elle. Croisades, conquêtes arabes, guerres entre protestants et catholiques, guerres modernes, même, rentrent, au moins partiellement, dans cette définition. Nous disons : même guerres modernes ; car il est très clair que les guerres de la Révolution française n’ont pas laissé d’avoir le caractère religieux. C’était la patrie que les volontaires de 1792 défendaient, mais c’était aussi les idées et principes de 1789 qu’ils prétendaient répandre dans le monde, sans du reste savoir en quoi ils consistaient, mais cela ne distingue pas leurs guerres d’une guerre de religion, et peut-être au contraire. De même il y a eu de la guerre de religion dans la guerre de 1870, du moins du côté des Allemands. Une au moins des idées, et très sincère, qui guidaient et poussaient chefs et soldats allemands, était celle de détruire ou d’amoindrir au moins la nation irréligieuse et immorale. C’est contre les Amalécites que les Allemands marchaient.

Il faudra sans doute toujours, tant que la guerre existera, avoir recours à quelque invocation de ce genre pour pousser les peuples les uns contre les autres. Le procédé consiste à attribuer un vice à la nation adverse ; il consiste à dire : « la perfide Albion ; la France athée et corrompue ; l’orgueil-