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commune à tous. De là la guerre contre l’ennemi héréditaire, et de là aussi l’annexion d’une partie du territoire de l’ennemi héréditaire ; car ces petits peuples allemands ne comprendraient pas cette gloire allemande qu’on leur donne, s’ils n’en voyaient pas un signe matériel et si elle n’était pas marquée nettement et largement sur la carte de l’Europe.

Donc la conquête appelle la conquête comme l’abîme appelle l’abîme, et l’on y est en quelque sorte comme engouffré. On est forcé de consolider la conquête par la conquête, et celle-ci par une autre indéfiniment. L’Allemagne, une fois la France amoindrie, s’est montrée très sage, très pratique, et n’a point poussé plus loin ses agrandissements comme, très probablement, Napoléon Ier aurait voulu faire. Elle a senti qu’il fallait digérer. Soit ; mais en conquérant tout ce qu’elle prétendait qui était allemand, elle s’est engagée tacitement à conquérir tout ce qui reste d’allemand en dehors d’elle. Le jour où se présentera l’occasion de revendiquer ce qui reste de plus ou moins allemand en dehors d’elle, ou elle le revendiquera et se mettra, en inquiétant l’Europe, en menaçant décidément l’indépendance de l’Europe, dans des embarras qui la mettront au risque de perdre ce qu’elle a gagné ; ou elle ne le revendiquera point et elle