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parce qu’elles sont très caractéristiques d’un vice humain qui est mêlé à toutes les guerres, quelles qu’elles soient, en proportions variées. Les monarchies ont fait des guerres de magnificence ; les républiques aussi. Une guerre de magnificence est une guerre de gloire ; c’est une guerre destinée à relever le prestige d’un peuple ou à l’accroître. Ce n’est pas le besoin de se battre ou le besoin de ne pas se livrer au travail agricole ou industriel qui l’inspire ; c’est le désir de laisser des inscriptions magnifiques sur un monument, sur un trophée. Les guerres de magnificence sont des jeux olympiques à coups de flèche et à coups de canon. Les monarques les aiment ; mais aussi les consuls et les présidents de république : les monarques pour laisser un nom dans l’histoire, et voilà pourquoi nous tenons si fort à ce que les livres des historiens ne contiennent pas de noms de bataille ; comme il n’y aurait pas de duels si les noms des duellistes ne paraissaient pas dans les journaux, de même il n’y aurait peut-être pas de guerres de magnificence si les historiens n’en tenaient pas compte. Les consuls, les présidents de république, tiennent à ces mêmes guerres pour marquer leur passage et pour que le temps où ils sont restés au pouvoir ne paraisse point pâle et terne au regard de leurs contemporains. Pyrrhus et Picro-