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la nation pillarde de produire, parce que celle-ci compte sur le pillage pour vivre et ne s’applique pas à la production ; et la guerre de pillage empêche la nation pillée de produire pendant tout le temps qu’elle est pillée et surtout si elle a la mauvaise inspiration, excusable après tout, de se défendre. Il y a perte de tous les côtés, perte qui n’est pas compensée, quoi qu’on en puisse dire, par le magnifique élan, par la magnifique excitation au travail et à un redoublement de travail, que le pillage laisse derrière lui. N’en croyez pas le peuple vainqueur qui, en s’en allant chargé de butin, dit : « Maintenant ils vont travailler et produire deux fois plus que les années précédentes ; ils ont besoin de temps en temps de ce coup d’aiguillon et c’est un service que nous leur rendons. » Il y a du vrai dans ces hautes paroles ; mais à tout prendre, ce qui vaudrait mieux c’est que tout le monde travaillât et que tout le monde produisît, sans qu’il y eût temps perdu, d’un côté à aiguillonner et de l’autre à résister à l’aiguillon.

Nous condamnons les guerres de pillage quand même elles prendraient le titre de guerres économiques. Elles ne rapportent jamais à personne ce qu’elles coûtent.


Faut-il parler des guerres de magnificence? Oui,