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à peu et disparaîtra presque avec le temps.

Nous disons presque, parce qu’il est probable que tous les instincts primitifs de l’humanité sont destinés à s’approcher de plus en plus de la complète disparition sans disparaître jamais tout à fait. Tout au moins on ne peut pas aujourd’hui se les représenter comme ayant radicalement disparu ; mais ils s’acheminent vers le néant et avec une vitesse de plus en plus grande.

Que restera-t-il un jour ? Précisément ce qui est naturel et non primitif. Ce qui est entré dans le cœur de l’homme par suite des conditions premières où il a été placé sur la terre, c’est ce qui disparaîtra, tout au moins c’est ce dont il ne restera que de légères traces. Ce qui restera c’est ce qui est naturel.

— Mais qu’appelez-vous donc naturel ?

— Ce que nous appelons naturel c’est ce qui est pour l’homme d’une éternelle nécessité. Par exemple il travaillera toujours. Est-ce que le travail est primitif ? Au sens qu’a le mot aujourd’hui, point du tout. L’homme primitif ne travaillait pas. Il cueillait des fruits, il chassait, il péchait. Mais ce qui lui était déjà une nécessité c’était l’activité, l’activité qui consistait précisément à chercher des fruits, à chasser et à pêcher. Cette activité a pris une nouvelle forme ; elle est devenue l’exploitation