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plumes sur la tête, des colliers de dents d’animaux autour du cou et des anneaux dans le nez ; et c’était pour plaire aux femmes. Les restes de ces habitudes primitives sont les brillants ajustements dont nos pères faisaient usage il y a encore deux siècles. Ces ajustements sont aujourd’hui surannés ; et le vêtement reste ; mais la parure disparaît. Cela veut dire que le besoin de parure n’est pas un instinct naturel, comme on le croit trop, mais une habitude qu’un état social primitif ou de demi-civilisation avait imposée et qu’une civilisation rationnelle ou moins puérile écarte, élimine ou laisse tomber de soi-même.

Le fétichisme a existé, et il en est resté, comme il est bien naturel, des débris, des détritus ou des souvenirs à travers toutes les religions de plus en plus épurées et spiritualisées. Qu’en reste-t-il ? Presque rien. Il en reste la dévotion à certains sanctuaires précis, préférés à d’autres ; il en reste, chose qui durera plus longtemps, la dévotion à un Dieu providentiel et providentiel à l’égard de celui qui le prie et à qui l’on demande des faveurs particulières et personnelles ; et ce Dieu au moment où on le prie de cette façon est bien pour celui qui le sollicite un fétiche, très nettement, un Dieu universel ramené pour un instant aux proportions d’un fétiche ; mais ceci disparaît peu