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période historique de l’humanité, il n’est pas très étonnant que l’homme historique ait obéi et obéisse encore à une impulsion qui n’a été d’abord qu’une nécessité et qui est devenue un instinct par hérédité et par habitude. Que nous soyons très loin de l’époque où l’homme rencontrait à chaque pas une bête féroce et par conséquent était sans cesse tendu et bandé vers la lutte, ce n’est qu’une apparence. Supposez, ce qui n’a rien d’invraisemblable, une humanité primitive qui ait duré soixante mille ans et une humanité en sécurité du côté des bêtes féroces depuis six mille ans, l’humanité sera un homme qui pendant quarante ans aura été forcé de se battre tous les jours et qui pendant quatre ans, quoique pouvant ne plus se battre, continuera de se battre par habitude prise devenue tempérament et complexion.

Or, est-ce une raison pour qu’il continue dix ans encore, vingt ans encore et jusqu’à sa mort ? Point du tout. Si la civilisation est, elle consiste à dépouiller l’ancien caractère humain qui n’était qu’une suite des nécessités de la première période, à détruire les restes héréditaires, désormais inutiles, d’une complexion qui était le résultat de circonstances particulières, prolongées du reste, mais qui n’était pas pour cela naturelle et fondamentale. Nos ancêtres se sont mis très longtemps des