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Il y a, pour ainsi parler, la guerre impulsive. L’homme a besoin de se battre, la combativité est un instinct primitif. L’homme se bat pour se battre. Cela se voit à considérer les enfants, qui ne sont pas tous batailleurs, mais qui le sont assez fréquemment et chez qui le batailleur est naturellement chef, reconnu comme tel, chef de bande contre un autre chef de bande et suivi assez facilement, assez docilement, par ses petits amis, même relativement pacifiques. Cela se voit aux animosités de village à village, qui n’ont le plus souvent aucune raison, aucun motif et qui ne sont que la manifestation d’un instinct sourd et aussi d’un instinct aveugle. Cela se voit à ceci que dix hommes ne peuvent pas être réunis sans qu’il y ait presque dès le premier instant deux camps et deux chefs, le plus souvent avant qu’il y ait matière de différend et sans qu’il y ait matière de différend.

Nous reconnaissons cela ; mais nous disons que de ce qu’un instinct est primitif, il ne s’ensuit pas, il ne faut pas conclure qu’il soit naturel. L’homme est encore combatif parce qu’il a bien fallu qu’il le fût, à l’origine, pour se défendre contre ses ennemis naturels, lions, tigres, ours et autres voisins redoutables. Ces guerres primitives ayant probablement duré plus longtemps que n’a duré la