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flatta à la fois l’anticléricalisme français et la vieille haine nationale contre l’Autriche. Le peuple français ou plutôt le peuple en France vit dans la guerre d’Italie une guerre révolutionnaire, dirigée contre l’empire d’Autriche despotique, nous créant un allié anticlérical et anti-ancien-régime de l’autre côté des Alpes, nous replaçant au premier rang des puissances « modernes » et « avancées » et nous remettant dans notre ancien rôle de libérateurs des peuples.

Mais cet état d’esprit dura peu. Le gouvernement impérial ne l’entretint pas, étant devenu bientôt hostile plutôt que favorable au mouvement italien, et d’autre part l’opposition démocratique ou soi-disant telle ayant commencé à cette époque à être résolument pacifique.

L’opposition démocratique, sous le Second Empire, était dans l’état d’esprit que voici. Elle n’avait pas d’autre sentiment un peu net que la haine à l’égard de Napoléon III qui avait étranglé la république de 1848 ; elle était persuadée, non sans raison, que les souvenirs de la gloire du Premier Empire avaient été pour beaucoup dans le succès du prince Louis ; elle détestait donc la gloire militaire passée, comme fondatrice du Second Empire, et craignait toute gloire militaire à venir comme confirmatrice de ce gouvernement.