Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

subsiste, encore très puissant, à cause du sentiment que l’on a que la société peut se dissoudre, si bien qu’au fond c’est l’individualisme, sa présence et le sentiment qu’on a de sa présence qui soutient la société ; de même « l’état de nations » subsisterait et le contrat international serait fort par le seul sentiment que l’on aurait que cet état pourrait se dissoudre et ce contrat se relâcher ; si bien que ce serait encore, sinon la guerre, du moins l’idée de la guerre qui, après avoir suggéré la paix, la maintiendrait.

Il est possible que Kant ait concilié ainsi.


Pendant la Révolution française l’esprit public en France fut généralement belliqueux ; cependant il y eut des pacifistes. En mai 1790, quand se posa la fameuse question du droit de paix et de guerre, c’est-à-dire de savoir qui dans une nation libre a le droit de déclarer la guerre, la question plus générale de la guerre elle-même se posa incidemment et les pacifistes manifestèrent leur sentiment. Le duc de Lévis, s’efforçant de réfuter Montesquieu, déclara que la guerre défensive était seule légitime ; le curé Jallet affirma, peut-être sans tenir assez compte de l’histoire, qu’il n’y aura plus de guerre lorsque toutes les nations seront libres ; les frères Lameth, Robespierre, indiquèrent